Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/01/2013

ROGNAIX, Village du martyr F.T.P. Claudius POUX

Le capitaine Claudius POUX, trahi par un habitant de son village, est mort après d’horribles tortures : ligoté à l’affût d’un canon, ses membres furent cassés et ses joues transpercées. D’une force de caractère peu commune, il a tout supporté sans dire un nom de camarades.

 De concert,  le 9 juin 1944, le Sous-préfet d’Albertville appelle par voie d’affichage dans les communes de sa « dépendance », au retour dans leur foyer des hommes réfugiés dans les montagnes, sans risque d’arrestation par les Allemands. De même, le Lieutenant-colonel DE VERGEZAC, alias LADEIGNE, donne l’ordre aux patriotes de rentrer chez eux. Une preuve de plus qu’un homme libre ne doit pas obéir aux ordres qui vont contre sa liberté. Comment ont-ils pu être si crédules ces « braves hommes » ? On ne va pas nous faire croire  qu’ils ont participé aux pièges tendus par la Gestapo, on ne va pas leur faire cette insulte, bien sûr.

 Alors pourquoi ? N’avaient-ils pas encore assez de preuves, ces hauts personnages, pour ainsi amener des hommes comme Claudius à se faire piéger ? Ah ! Comme il avait raison le Capitaine F.T.P. CALDERINI  quand il a tout fait pour empêcher Claudius de descendre du chalet des « Mouilles » à son village de Rognaix où la trahison l’attendait. Il aurait dû l’assommer pour la nuit ou le lier avec une corde à un pilier du chalet pour l’empêcher de commettre cette folie. BOULON n’avait pas spécialement ces procédés et je ne peux l’en blâmer. Mais il avait vu clair et se doutait bien que les Boches ne pouvaient devenir « gentils » d’un seul coup. Je suis heureux en tout cas pour lui qu’il ait tenté le maximum pour retenir Claudius.

 Le destin est ainsi. Au soir du 13 juin 44, en compagnie de GUILLAND Albert, F.T.P. comme lui, Claudius se met en route pour la descente sur Rognaix, passant par « Savouille », le pont sur le Bayet. Arrivant à Prabavon, Claudius quitte son blouson « Jeunesse et Montagne » et le cache sous un rocher. Albert viendra, en juillet, récupérer le blouson de son chef vénéré. Albert m’a dit récemment qu’il se souvient n’avoir jamais vu Claudius si méfiant. « Tout au long du chemin qui mène à Rognaix, Claudius est resté derrière moi, regardant de tous cotés, lui qui était toujours en tête quel pressentiment éprouvait-il ? Je l’ai su plus tard, hélas ! »…..Parvenu à Rognaix, Claudius rentre chez son père et Albert rentre à la Rochette en vélo.

 Le lendemain matin, 3h30 environ, le drame commence. Des coups violents secouent la porte et une patrouille boche bien armée se saisit de Claudius et lui ligote les mains dans le dos. La patrouille repart et un peu plus haut dans le village, réveille de la même façon Léon et Fernand MERCIER, peu après Pascal MARCEL et, chose étrange, Eugène CRETET qui, s’il n’a jamais fait d’opposition aux précédents nommés, n’est pas F.T.P. Ensuite la patrouille monte jusqu’aux « Teppes » et se saisit de COLLIARD Elie qui vient de dire récemment qu’il ne voulait pas coucher chez lui, mais des copains lui ont dit que ça ne risquait rien, alors. Et voilà !

La patrouille se dirige vers St-Paul à l’hôtel GENET où est installé la Kommandantur depuis le 10 juin…ça n’a pas trainé pour le traître. Les six hommes, tous ligotés les mains dans le dos, arrivent dans la cour de l’hôtel et sont attachés au canon qui est en poste juste au-dessus de l’hôtel.

Tous les hommes amenés passeront un à un à l’interrogatoire devant un agent de la Gestapo taillé comme un géant. Celui qui tortura Claudius à St-Paul s’appelait Capitaine Froelitch. Dans les couloirs, ils retrouveront Gilbert VARCIN, F.T.P. comme eux, qui a « dormi » dans un couloir de l’hôtel. On l’a « ramassé » la veille au soir à Cevins sans papier sur lui. Plus tard, Gilbert leur dira qu’il a vu arriver un homme dont il se méfiait depuis longtemps et s’est dit que cette fois il était foutu.

 Le 15 juin, dans la matinée, un cultivateur venu pour travailler dans son champ, verra de la terre fraîchement remuée au bout de sa parcelle, sous le chemin de Rubellin, qui longe l’Isère à cet endroit. Il a vite compris qu’un corps humain  était là car il était à peine recouvert, le pauvre corps de Claudius, avec toutes les traces de ses tortures.

 Après avoir beaucoup insisté, les parents obtiendront que son corps soit amené au cimetière de Rognaix. Mais ce seront les Boches qui accompliront ce travail de nuit et sous bonne garde.

 Aujourd’hui, une stèle taillée dans le granit du « Bayet » par RIGOTTI Auguste, ancien F.T.P. et décédé à ce jour, rappelle à ceux qui passent, qu’ici un corps torturé a été enterré par les Boches.

 De plus un lotissement, construit il y a quelques années, porte le nom de « Lotissement  Claudius poux ». Ces réalisations sont l’œuvre en particulier de Marcel ROCHAIX, ancien F.T.P. lui-même et qui a bien connu Claudius dans sa jeunesse.

 

Résumé sommaire de l’action de Claudius (les sources manquent)

 8 mois en Chantier de Jeunesse, réfractaire S.T.O., crée un « triangle » avec BLANC Joseph et HENRY Maurice, de St-Paul. Il agira beaucoup en Maurienne en sectoir Coise et Aiguebelle, en passant par le Col de Basmont.

En Tarentaise, actions de sabotage avec SAPIN en multiples occasions, légèrement blessé par une sentinelle boche après un sabotage à l’usine de Plombière, il échappe le même jour à une embuscade boche à Aigueblanche. Pravis, montagnette où son père possédait un chalet, était devenu sa base arrière qui servit souvent de « havre de Paix » durant les replis tactiques.

 Merci de ton exemple Claudius, et Gloire à toi. De la part de tes anciens camarades.

 

 Témoignage du « MATAF » (Jean LASSIAZ), beau-frère de Claudius POUX 

 Dans la matinée du 14 juin 44, le père de Claudius avait apporté de la nourriture pour son fils arrêté vers 3h30, le matin. Les boches refusèrent la demande du pauvre père qui vit son fils déjà marqué de coups. Claudius, alors lié au canon dit à son père : « tu me parles de manger, je ne peux même pas aller pisser ». Fernand MERCIER qui était également attaché au canon demande à ses bourreaux de pouvoir emmener Claudius aux toilettes. Les boches acceptèrent et, vers les toilettes, la sentinelle délia les mains de Fernand mais pas celles de Claudius. Fernand dut ouvrir la boutique du pantalon de Claudius et l’aider à assouvir ce besoin naturel. Claudius dit tout bas à Fernand : « Pour moi, je suis foutu, ils veulent ma peau, mais si vous vous en tirez, jure moi de faire tout ton possible pour que le traître ne puisse plus nuire »…….

 

 

 Source : Livre de Roger et Pierre CALDERINI

RESISTANCE

3 ème SOUS-SECTEUR  (TARENTAISE – SAVOIE)

1 er Bataillon F.T.P.F.

Compagnies 92-07, 92-09 et 92-12

Recueil de témoignages

2 ème édition 1991

 

Réécrit par Philippe MICHEL le 7 janvier 2013 pour mettre en ligne

11:19 Publié dans POUX Claudius | Lien permanent | Commentaires (0) |

Les commentaires sont fermés.